à propos d'une démarche
par Annie Ferret
Le pourquoi, d’abord.
Et bien, d’abord, le sexe féminin, c’est une affaire de femmes, rien que de femmes. Ce ne devrait pas être le problème des hommes. De quoi se mêlent-ils finalement avec leurs interdits, leur fantasme de la défloration, leur culte de la virginité ?
Ils se mêlent que voilà, ils ne sont pas des femmes et ne seront jamais des mères. Ils n’auront jamais d’utérus, ne porteront jamais d’enfant et continueront, par le biais des religions, à dicter leur sexualité aux femmes, parce que ce sont bien les hommes qui décident et qui dirigent en la matière. Tout ça à cause de leur petit drame personnel d’être nés hommes.
Le comment, ensuite.
Parce qu’au-delà d’une révolte à dire, il y a bien sûr également une démarche plastique. Celle d’un travail mené dans l’intimité du chez soi, seul face à soi-même, avec presque rien, peu de matériaux, peu d’espace, peu de moyens, des matières faciles et naturelles, symboliques : terre, cire, noir d’ivoire, eau, farine. La photographie, qui intervient dans un second temps, permet de conserver une trace de cet éphémère, l’empreinte de quelque chose qui n’est plus, mais qui est sans arrêt modifié, révisé, recyclé, pour revenir à la matière brute. Quelque chose qui permet de cheminer autour du sujet, d’y retourner sans cesse pour l’interroger différemment, de le prendre dans une récurrence, une répétition pour tenter de l’approcher davantage. Quelque chose comme une obsession, un questionnement qui jalonne une vie, qui accompagne comme un refrain les pensées de l’artiste depuis l’enfance, avant de se réaliser enfin, au cours des années du jeune homme devenu adulte, époux et père. Quelque chose qui fait que, malgré tout, ce n’est pas fini et sans doute inépuisable.
Tirages au gélatino-bromure d'argent sur papier baryté 50x60 cm
2022
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